[Pascal Le Deley]

Une discussion vendredi dernier avec un collègue féru de collapsologie a fait germer en moi un doute. La question était : alors que nous savons ce qui nous attend, où sont nos actions concrètes à hauteur des enjeux ?
La connaissance ne suffit pas, nous dit le Modèle ADKAR.

Eh bien, je tente d’examiner ci-dessous pourquoi je n’agis pas alors que je sais, en me figurant les trous dans lesquels je suis tombé dans ma progression.

Awareness / Conscience.

J’ai conscience que le réchauffement climatique est réel, nous touche effectivement (dates de floraison, épisodes météo exceptionnels, etc). J’ai conscience que, si nous ne changeons pas, ça ira de pire en pire.

Desire / Envie.

Est-ce que je sais quelles sont mes responsabilités ? Oui, prendre moins la voiture et la moto, diminuer mes déplacements y-compris en train et surtout en avion. Me procurer des denrées qui voyagent moins (circuits courts). Est-ce que je mesure ce que j’y gagne ? Des meilleurs produits, certes, mais moins de liberté de déplacement, alors, le bilan est mitigé quant à l’envie.

Knowledge / Connaissance.

Baisser le chauffage d’1°C ou 2°C, facile ; toilette de chat un jour sur deux suvi d’une douche ; pas de bain. Rouler à vélo ou marcher, facile. Eteindre les « appliances », les outillages électriques ; débrancher les multiprises, facile. La communication du bilan carbone des voyages en train par la SNCF m’agace au plus haut point : c’est ridicule comme ils méprisent l’énergie grise démentielle que suppose un voyage en train… Bilan mitigé sur la connaissance, là aussi.

Ability / maîtrise pratique.

Plus difficile : mon imprimante-scanner a besoin d’être sur secteur 24/7 pour s’auto-nettoyer, alors je l’y laisse. Je prends la moto pour aller à Paris, parce que le train me fait un A/R à 100 euros contre 50 euros en moto. Bien sûr, je pourrais réserver à l’avance un train peu cher, mais si j’annule je l’ai dans l’os – et même sans l’annuler, si je le déplace, la SNCF me ponctionne de l’argent : je tâche de boycotter ces gens-là. Le bus est peu fiable – moins cher mais peu fiable – et me consomme 5 heures de mon temps porte-à-porte quand la moto m’amène à destination en 2,5 heures. Cela étant, je pianote sur mon MacBook Pro de 2008 (dans sa 12° année) et conserve mon smartphone à la RAM saturée ; je blablacarise quand je peux, rarement. Au final, mauvaise maîtrise pratique.

Reinforcement / renforcement.

« Regardez, ce que vous avez changé, ça fonctionne ! » Eh bien, là, les discours ambiants qui tintent à mes oreilles sont à mon avis formels : ça ne sert à rien de faire quoi que ce soit, c’est trop tard, on est dans le mur, tâchons de survivre le mieux qu’on peut. J’en viens à me dire : si les abeilles disparaissent de nos latitudes, qu’importe du moment qu’on en trouve ailleurs : moi qui suis passionné d’apiculture et de miel, je serais prêt à investir dans des ruches à l’étranger dans un hâvre de survie de l’espèce. Renforcement nul.

Conclusion : tristissime constat.

D’après le Modèle ADKAR, je me suis tordu la cheville sur le désir, la connaissance, coincé le dos dans la maîtrise pratique et suis au fond du trou du renforcement.

Tu m’étonnes que je sois si tiède à prendre ma part du problème !

Et maintenant, que faisons-nous ?

Compte tenu de l’analyse qui précède, qu’est-ce que vous proposez qui m’amènerait à agir ?

Quelle action prise de conscience, par qui ?
Quelle action envie, avec qui ?
Quelle action connaissance, par qui ?
Quelle action habileté pratique, avec qui ?
Quelle action renforcement, par qui ?

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